Bruno Fernandes et Bernardo Silva : les poumons de la Seleção
Dans ce début de Coupe du Monde, le Portugal a réussi à trouver un certain équilibre entre assurance et dynamisme et cela est bien dû à un duo en grande forme : Bruno Fernandes et Bernardo Silva.
Lors de cette phase de groupe du Mondial, le secteur du milieu de terrain de la Seleção a dégagé une certaine sérénité à l’image d’un Bernardo Silva, plus timide offensivement de ce qu’il nous a habitué, mais nettoyant le jeu tel un aspirateur. Puis, pendant les phases offensives, l’explosivité du Portugal a été menée par un Bruno Fernandes impressionnant qui montre actuellement la meilleure version de lui-même sous les couleurs portugaises. Focus sur ce duo si homogène et complémentaire.
Bruno Fernandes : L’homme de la situation
Des pertes de balle à n’en plus finir et un grand manque d’efficacité devant les cages : l’international portugais présent en sélection nationale depuis 2017 nous a souvent habitué à de pauvres prestations avec la Seleção. Sa présence au sein du onze titulaire a longtemps été décriée dû à son manque d’activité et son faible niveau par rapport à celui démontré chaque fin de semaine en Premier League.
Toutefois, le mancunien a attendu la plus prestigieuse des compétitions internationales afin d’éclore et prendre, finalement, ses responsabilités. Dans la continuité de son excellent début de saison sous les ordres de Erik Ten Hag, le numéro 8 se montre très intelligent dans ses choix et arbore un costume de leader incontesté dans le schéma offensif lusitanien.
Lors de l’entrée en lice du Portugal en Coupe du Monde contre le Ghana, le joueur de 28 ans s’est transformé en artiste. Il remercia Fernando Santos de lui laisser une position si libre dans le milieu de terrain en réalisant une partition digne d’un récital. Chaque décision de sa part fut dans le sens du jeu et il a su mener à bien les assauts de l’armada portugaise. Dans un moment fatidique de la rencontre, il offrit 2 magnifiques passes décisives pour João Félix et Rafael Leão alors que la Seleção venait d’encaisser le but de l’égalisation. Accélérer le tempo de son équipe afin de les remettre sur le droit chemin : il s’agit bien là de la marque des plus grands.
Et comme le grand joueur qu’il est, il a bien enchaîné en livrant une performance de haute volée contre l’Uruguay. Il exerça une activité dantesque face à la marée agressive de la Celeste en essayant toujours de trouver ses coéquipiers et il a été récompensé en se voyant attribuer un but alors qu’il voulait servir Cristiano Ronaldo. Dans un registre plus entreprenant, il se chargea lui-même d’enfoncer le clou grâce à sa qualité balle au pied et il le fit très bien en provoquant un pénalty et en mettant le ballon au fond des filets.
Il bâtit les fondations, donne les outils à ses collègues et fait les finitions : si Bruno Fernandes continue comme cela, il peut bien devenir l’architecte d’une route menant les siens vers la conquête du trophée désiré par le monde entier. Pendant que ce dernier mène la danse en attaque, Bernardo Silva assure l’équilibre au milieu et fait un travail, certes dans l’ombre, mais conséquent et à souligner.
Bernardo Silva : Le travailleur de l’ombre
“Si je sens que l’équipe a besoin de moi en phase de construction, près des défenseurs centraux, c’est ce que je tenterai faire. Marquer moins de buts ou réaliser moins de passes décisives, cela a peu d’importance. Je veux avant tout que le Portugal gagne.”
Bernardo Silva a décidé de se sacrifier et de moins briller offensivement et statistiquement pour contribuer à la stabilité du collectif : une stratégie lucide qui s’est avérée payante jusqu’à présent.
Connu pour ses envolées techniques et ses perles distribuées aux attaquants à Manchester City, c’est un rôle différent qu’il occupe au sein de la sélection das Quinas en ce moment, en apportant de manière non négligeable défensivement et aidant un Ruben Neves, clairement en peine dernièrement.
Son travail sans ballon étouffe l’adversaire et libère ses coéquipiers afin que eux, brillent de mille feux. Puis, lorsque sa meilleure amie, la balle, est à ses pieds, il dégage un sentiment de sérénité pour son pays et de frustration pour ses opposants. Cette rage, Darwin Nuñez et toute sa troupe l’ont ressenti en voyant un être de petite taille (1m73) et au physique frêle, déjouer toutes leurs tentatives et les lessiver jusqu’à l’épuisement total sur le rond central du carré vert. Rendre fous des sud-américains endiablés : mission accomplie pour le Citizen auteur d’un match remarquable.
Certes, le Portugais ne prend pas de risque mais tout passe par lui, ce qui montre sa générosité et son intelligence. Face à une défense aussi compact que celle du Ghana, il ne fut pas présent lors de la réalisation des buts. Néanmoins, il a eu une tâche prépondérante en étant omniprésent et en créant des espaces à partir de n’importe quelle position : que ce soit très bas, auprès de la ligne défensive, ou très haut, aux abords de la surface adverse.
Des fonctions ingrates, peu reconnues et cependant essentielles pour le bon fonctionnement de la machine dirigée par l’ingénieur : Bernardo Silva réalise cela à merveille et fait le ménage tandis que son compère, Bruno Fernandes, se transcende offensivement. Du piquant mélangé à de la douceur : c’est ce que cette paire représente.
Ces deux maestros réussiront-ils à faire valser les Suisses et ainsi aider le Portugal à accéder au prochain tour ? Rendez-vous ce mardi soir à 20 heures pour le savoir.