Les révélations de la Primeira Liga 2021/22 – Episode 1

 Les révélations de la Primeira Liga 2021/22 – Episode 1

Vitor Oliveira, Petar Musa, André Ferreira, Zé Carlos et Ibrahima Camara sont les 5 premiers joueurs mis en évidence dans notre série sur les révélations de la saison 2021/22 en Primeira Liga.

Début aujourd’hui d’une série d’article revisitant la saison 2021/2022 de Primeira Liga. Sous le prisme des joueurs qui se sont révélés lors de cet exercice. Seront ici à chaque fois présentés 5 joueurs, plus ou moins jeunes, qui ont fait leur début (ou presque) cette saison au Portugal. Aujourd’hui, on vous trace le portrait de :

  • Vitor Oliveira, avant-centre du SC Braga, 22 ans
  • Petar Musa, avant-centre du Boavista FC, 24 ans
  • André Ferreira, gardien du FC Paços de Ferreira, 25 ans
  • Zé Carlos, latéral droit du Gil Vicente FC, 23 ans
  • Ibrahima Camara, milieu de terrain du Moreirense FC, 23 ans

Ne seront pas évoqués dans cette série les joueurs du Gil Vicente Kenya Fujimoto et Fran Navarro. Leur légitimité est égale voire supérieure aux noms qui seront cités. Mais nous avons déjà évoqué leur cas dans l’article consacré à leur club à retrouver ici.


Vitor Oliveira, SC Braga, Attaquant, 2000, Portugal

Il y a seulement 2 saisons, il était très difficile de concevoir que Vitor Oliveira, appelé aussi Vitinha, puisse être un des buteurs décisifs d’un huitième de finale de Ligue Europa sous le maillot de l’équipe première du Sporting Clube de Braga. Au regard notamment d’un parcours singulier. L’avant-centre portugais est arrivé en 2017 au sein du centre de formation des nordistes en provenance du petit club de l’Aguias Alvite. Un club de la région de Braga qui avait sa section U17 inclue en 3e division des championnats de football portugais. Une arrivée à 17 ans considérée plutôt tardive au regard de l’écart de niveau. Et une situation qui a surement forgé le caractère de travailleur acharné du désormais international espoir portugais. Afin de tenter de rattraper notamment certaines lacunes.

Les premières saisons en U19 et U23 sont néanmoins correctes. Mais c’est à l’aube de la saison dernière que la vie de footballeur de Vitinha changera. Après plusieurs mois sans jouer au regard de l’annulation des compétitions de jeunes au Portugal lors de la saison 2019/2020, Vitor Oliveira intègre l’équipe B sous les ordres de Vasco Faisca. Une intégration qui n’était pas évidente quelques mois plus tôt. Mais la confiance de l’actuel entraineur du SC Farense se révélera payante. 8 buts sur les 8 premiers matches au sein de la 3e division de l’époque, le Campeonato de Portugal, et des performances bluffantes de sa part qui le propulseront en équipe première.

Et cette saison, via la continuité donnée par Carlos Carvalhal, le buteur portugais a pu se mettre complétement en évidence. Notamment via cette puissance qui le caractérise. Tout d’abord dans les appels en profondeur, souvent plus à partir de la droite, constants et fatigants pour les défenses adverses. Majoritairement pour recevoir dans la course que pour ouvrir des espaces. Vitinha possède une capacité à répéter les courses qui se traduit aussi défensivement. Ce goût de l’effort dans les moments de perte de balle ou de pressing qui le caractérise depuis son arrivée à la Cidade Desportiva de Braga. Quasi incontrôlable lorsqu’il était plus jeune, il comprend aujourd’hui beaucoup mieux les temps de pression et la forme des courses pour orienter le pressing.

Une puissance qui cependant, a encore du mal à se faire valoir dos au jeu. L’avant-centre est d’une aide précieuse lorsqu’il décroche pour combiner ou dévier en une touche. Mais a encore des difficultés lorsqu’il est mis sous pression dans son dos. Ayant du mal à utiliser ce point d’appui derrière lui pour contrôler, maintenir la possession et ressortir. Toujours via cette puissance comme fil rouge, un focus est à réaliser sur sa conduite de balle. Il est capable aujourd’hui de conduire sur 30 ou 40 mètres très rapidement tout en protégeant bien son ballon. Si l’espace devant lui le permet. Utile en transition, faisant gagner à son équipe plusieurs mètres, cette action peut encore être peaufinée lorsqu’il faut prendre la décision de transmettre.

Enfin, difficile de ne pas évoquer pour un numéro 9 sa relation avec la surface et le but. Une présence naturellement pesante avec un bon sens du positionnement et surtout un jeu aérien notable. Vitinha est doté d’une impulsion dans ses sauts impressionnantes « malgré » son mètre 83. Sa frappe de balle pouvant elle être encore affinée. La frappe en force s’il est à droite reste plutôt efficace. La frappe côté gauche du pied gauche ou enroulée du pied droit peut encore clairement évoluer.

Vitinha a ainsi encore certains aspects à améliorer si on commence à le regarder depuis cette saison seulement. Mais en réalité, sa progression depuis 4 ans est fulgurante et presque impensable il y a peu de temps encore. Tout en n’oubliant pas qu’il n’a finalement que 22 ans et cette propension à l’écoute et au travail depuis tant d’année maintenant lui apporteront sans doute encore beaucoup dans sa carrière.  

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Petar Musa, Boavista FC, Attaquant, 1998, Croatie

Impossible d’évoquer les révélations de la saison sans aborder le nom de Petar Musa. Le croate, parti à l’âge de 19 ans vers la République Tchèque où il a remporté 3 championnats avec le Slavia Prague, a découvert cette saison son 4e championnat. Après un prêt lors de la deuxième partie de saison dernière sous les couleurs du surprenant Union Berlin, l’avant-centre formé au NK Zagreb fait désormais le bonheur du champion du Portugal 2002. Ayant déjà inscrit 11 buts en 28 rencontres toutes compétitions confondues.

Mais le croate ne déroge pas à la règle des avant-centres évoluant au Portugal et ayant une réelle sensibilité à participer au jeu. Et à faire partie intégrante de l’animation collective de leur équipe. En effet, difficile de ne pas remarquer la science du jeu dos au but du natif de Zagreb. Disposant d’une panoplie dans ce registre extrêmement poussée. Petar Musa sait tout d’abord lorsqu’il doit jouer en une touche pour servir d’appui et trouver un partenaire face au jeu. Tant dans des situations de combinaisons plus courtes que lors de remises à partir de ballons plus longs depuis l’arrière. Où son jeu de tête se met aussi régulièrement en évidence.

Là où il se différencie d’un Vitinha évoqué précédemment, c’est lorsqu’il faut conserver, lorsque la situation l’oblige, puis remiser ensuite. Via une première touche généralement très propre qui lui permet de redonner dès la seconde dans le bon tempo. A la fois dans l’axe comme sur la largeur, il est aussi capable de conserver plus longtemps en se reposant sur son physique. Sortant de la pression afin de trouver une solution pour faire progresser l’action. Et généralement attirer le défenseur qui était sur son dos au préalable.

Le lien qu’est capable de fournir Musa entre le premier et le dernier tiers est une arme clairement différenciante dans la lutte pour le maintien du Boavista. Ayant aussi construit une belle relation avec le créatif Gustavo Sauer. Depuis la droite et via son pied gauche, nombreuse ont été les fois où le brésilien a su mettre en évidence le jeu en appui du croate. Mais aussi sa capacité à prendre la profondeur. La coordination avec le passeur et le bon timing dans les appels de Musa faisant plus la différence que sa vitesse. Son physique lui permettant de passer souvent l’épaule pour gagner son duel et enchainer par un tir. Enfin, certaines conduites de balle, notamment en longeant le côté gauche, semblent parfois brutes mais permettent de progresser. Et d’assez souvent trouver une position de frappe.

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Un travail hors de la surface donne l’impression parfois qu’il n’exploite pas tous son potentiel à l’intérieur de celle-ci. Son gabarit et la menace qu’il représente dans les airs pèsent bien évidemment aussi sur les défenses. Son sens du positionnement dans les 16 mètres 50, à l’image de son but dans les Açores face à Santa-Clara, démontre que la plus grande force du géant croate se trouve dans la lucidité qu’il exprime dans ses choix.

Boavista est une équipe qui est cependant loin d’être à l’agonie collectivement. Encore moins depuis l’arrivée de Petit. Et malgré la 11e place au bout de 28 journées, Musa sortira valorisé de sa saison au Portugal. Prêté par le Slavia Prague, une continuité au Portugal ne passera ensuite que par un club membre du Top 4.

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Zé Carlos, Gil Vicente FC, Latéral Droit, 1998, Portugal

Zé Carlos est l’un des joueurs de ce premier épisode qui n’a pas connu l’échelon maximum du football portugais cette saison. Prêté par Braga, le portugais de 23 ans faisait en effet partie de l’effectif de Carlos Carvalhal la saison passée. Eclipsé par l’inusable Ricardo Esgaio, le natif de Porto n’a participé la saison dernière qu’à 10 petites rencontres sous les couleurs rouges et blanches.

Et malgré le départ d’Esgaio au Sporting, le portugais est finalement prêté à Gil Vicente. Afin de connaitre une première saison pleine en Primeira Liga. Formé à Leixões, Zé Carlos a connu entre 2018 et 2020 deux ans et demi de Campeonato de Portugal (D3 portugaise) avec le Leça FC. C’est sous ces couleurs, lors d’un 32e de finale de Coupe de Portugal face à Braga à l’automne 2019, qu’il est repéré. Il reviendra entre temps à Leixões à l’hiver 2020. Mais ne disputera que 5 rencontres de D2 avant l’arrêt des compétitions pour cause de pandémie mondiale. Il signera ensuite définitivement à l’été suivant dans le Minho.

Un parcours atypique et une saison toujours dans le Minho, mais cette fois à Gil Vicente, comme témoignage que Braga ne recrute pas directement en D2 si le joueur n’est pas spécial. Les cas Paulinho en provenance aussi du Gil Vicente FC en 2017 et Rafa depuis Feirense en 2013 comme exemple. Avec le club de Barcelos, Zé Carlos est peut-être aussi valorisé par le modèle de jeu de Ricardo Soares. Cherchant à construire au départ depuis la largeur, ses capacités dans le jeu de passe et la construction ressortent.

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Dans le 4-3-3 du Gil Vicente, son apport dans la relation latéral/ailier/relayeur et leurs combinaisons pour surpasser le premier rideau est fondamental. Capable d’aspirer la pression et de trouver des solutions via un appui puis en redemandant dans l’axe comme action caractéristique. Ou en attaquant directement par la conduite les espaces intérieurs. Le latéral portugais tel une arme fortement utile pour désamorcer les pressings. Très en évidence lors de la victoire 2-1 du Gil Vicente à l’Estadio da Luz face à Benfica.

Une position moyenne plus basse donc qui contraste avec la position de piston droit qu’il avait à Braga. Moins agressif dans l’attaque de la profondeur et capable dans la répétition des courses comme l’était Ricardo Esgaio, Zé Carlos n’avait pas non plus sous performé. Sa conduite de balle, ses dédoublements et ses centres déposés s’exprimaient déjà. Enfin, la saison convaincante du portugais s’exprime aussi dans le volet défensif. Que cela soit dans les 1 contre 1, les interventions au sol parfois dans des situations critiques, le jeu aérien et surtout le sérieux dans l’orientation corporelle pour contrôler la profondeur, Zé Carlos impressionne tout autant sans ballon. Etant surement le latéral droit de Primeira Liga ayant le mieux géré la présence de Luis Diaz. Lorsque le colombien évoluait encore à Porto.

Ce qui ne fait pas simplement de lui une révélation cette saison. Mais bien l’un des tout meilleurs de la saison à son poste avec Pedro Porro, João Mario et Yan Couto. Ce dernier n’étant que prêté par Manchester City à Braga, son successeur est déjà tout trouvé.

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André Ferreira, FC Paços de Ferreira, Gardien, 1996, Portugal

Il aura fallu quatre saisons avant qu’André Ferreira s’impose définitivement dans un club de Primeira Liga. Et enfin confirmer les bonnes qualités qu’il a su démontrer dans les championnats de formation. Arrivé à 16 ans au sein du centre de formation du Benfica, il a pendant deux saisons en U19 et deux saisons en équipe B, montré qu’il avait surement le niveau pour jouer à un bon niveau professionnel. Mais sans avoir pourtant le profil pour être le gardien du futur au sein du club de la capitale. Après la formation, s’en sont suivis malgré tout 5 saisons loin d’être homogènes. En progression tout d’abord avec un prêt à Leixões en D2 lors de la saison 2017/2018 qui lui ouvriront les portes de la Primeira Liga. Mais des portes uniquement vers le rôle de suppléant.

Au CD Aves tout d’abord où il est remplaçant de Quentin Beunardeau (8 matches de Liga NOS). Puis deux saisons à Santa-Clara, où il assistera à la progression crescendo du club des Açores. Mais toujours dans la peau du second. De l’indéboulonnable Marco Pereira cette fois. Et la quatrième saison dans l’élite d’André Ferreira n’était pas au départ fait pour changer radicalement de statut. A Paços, le natif de Vila Nova de Gaia près de Porto, devait jouer ce même rôle de numéro de deux. De Jordi cette fois, gardien révélation à son poste lors de la formidable saison dernière des jaunes et verts. Mais la grave blessure au tendon d’Achille du brésilien en pré saison va propulser (enfin) le portugais à ce statut de numéro un.

Circonstances qui vont sourire à un Paços plus en difficulté cette saison. Pouvant donc compter sur un gardien qui fait gagner des points. Selon le Post Shot Expected Goals (PSxG), expliqué ici dans le cadre de la saison de José Sà en Premier League, André Ferreira a encaissé 35 PSxG pour seulement 29 buts réels concédés après 27 journées. Une différence de 6 buts « sauvés » qui est la plus haute du championnat avec Paulo Vitor, gardien du Maritimo. Devenant cette saison, au sein du championnat des gardiens des « petits » qui se font canarder toute l’année, le successeur de Stanislav Kritcyuk comme l’un des rivaux de Samuel Portugal dans ce concours (3e plus grande différence avec 33,2xG pour 28 buts encaissés).

Sur sa ligne, le joueur formé à Benfica performe donc et est plus que décisif. Et dans tout le reste, il se débrouille. Ni impérial, ni faible, le portugais se démarque quand même légèrement dans son jeu long. Cette caractéristique qui même sous pression, trouve généralement les bonnes zones. Paços de Ferreira comme profil de club qui lui correspond vraisemblablement mieux. Et une carrière semblable à celle de son compatriote Rui Silva aujourd’hui au Bétis comme potentielle référence.

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Ibrahima Camara, Moreirense FC, Milieu de terrain, 1999, Guinée

Enfin ! C’est le mot qui décrit la saison d’Ibrahima Camara. Enfin la confirmation des promesses de ses années en formation à Braga et de ses débuts en 2019 à Moreirense. Le guinéen rentre lui dans la catégorie des révélations après 2 saisons dernières jonchées par les blessures et un temps de jeu très réduit (795 minutes de Primeira Liga en deux ans). Ressusciter dans ce moribonds Moreirense, dernier au soir de la 28e journée, n’était pas chose aisée. Seul en 6, relayeur dans un milieu à 3 ou placé dans un double pivot, Ibrahima a su à chaque fois se démarquer sous les 3 coachs qu’il a eu cette saison. Ne poussant peut-être pas Filipe Soares vers la sortie mais accélérant sans doute le départ vers le PAOK de l’international espoir portugais.

Sous son air légèrement désarticulé, se cache un milieu à la résistance sous pression reconnaissable. De face ou de dos, Ibrahima utilise tous l’espace et donc le temps qui lui est offert. Pour feinter, se retourner, éliminer et surtout très régulièrement, trouver une solution pour terminer son action. Le guinéen est cependant clairement plus à l’aise lorsque le jeu est ouvert et les espaces larges. Tant par la conduite que par la passe, il est très à l’aise lorsque les blocs sont élargis pour faire progresser son équipe. Ayant délivré ainsi 6 passes décisives en 1800 minutes toutes compétitions confondues cette saison. Ce côté vertical qui se traduit par cette faculté dans la passe constamment vers l’avant et souvent en une touche lorsqu’il reçoit ou récupère un ballon perdu. Son jeu long plutôt précis rentre aussi dans cette idée.

Défensivement, Ibrahima Camara interpelle par une belle activité au milieu et un bon nombre de ballons grattés dans les pieds. Taclant debout ou seulement en faisant opposition. Son jeu de tête malgré son mètre 90 reste perfectible. Le guinéen a néanmoins exposé cette saison son profil plutôt complet. Capable même de se projeter entre le central et le latéral adverse et d’apporter le surnombre lorsqu’il a évolué de manière furtive comme relayeur. Des doutes subsistent cependant dans une configuration de match organisation offensive face à bloc bas. Car le profil se rapproche d’une autre figure africaine du championnat portugais : Al Musrati. Un retour à Braga pour l’international guinéen aux 6 sélections ? C’était probablement le projet il y a 3 saisons. Mais voir Ibrahima de nouveau s’épanouir sur un terrain est déjà une victoire. Et une des belles histoires de l’actuelle saison au Portugal.

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Matthieu Monteiro

Sócio n°9491 Sporting Clube Braga • 25 ans • @MMatthieuZSCB sur Twitter • Chroniqueur chez Golaço depuis 2019 • Ingénieur informatique & analyse vidéo • Fondateur de @ZoneSCBraga sur Twitter • Ne jure que par les schémas de Paulo Fonseca et Eder en prolongation

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