Ruben Amorim à Sporting : le choix de l’argent ou de l’audace ?
Mardi 3 Mars, 2h00 du matin, Maisfutebol lance une bombe au milieu de la nuit : Ruben Amorim sera le prochain entraineur de Sporting dans les prochaines heures. Pas de conditionnel, non, ils sont affirmatifs, le deal est bouclé.
Rappelons-le, nous sommes en pleine semaine, en pleine nuit, et jusque-là il n’y avait eu aucune rumeur concrète.
Après m’être pincé 3 fois afin de m’assurer que je n’avais pas déjà commencé ma nuit, ma première réaction était claire : « Premièrement, pourquoi Ruben Amorim s’embêterait à aller à Sporting alors que notre situation est semi-chaotique tandis que celle de Braga est prometteuse. Ensuite, pourquoi Sporting mettrait 10 millions d’euros sur un entraineur ? Un entraineur qui était disponible 6 mois plus tôt et n’a que 10 matchs en Liga Nos à son compte ! »
Aux premiers abords, ce deal paraissait catastrophique pour tous les partis. Et si Ruben Amorim était en train de gâcher les débuts de sa carrière d’entraineur ? Comment un club aux moyens limités comme Sporting peut acheter le troisième entraineur le plus cher de l’histoire du football mondial ?
L’analyse simpliste viendrait à dire qu’Amorim a fait ce choix car il a été attiré par l’argent d’un contrat contenant des 0 en plus, et que la direction de Sporting tente un all-in désespéré et non réfléchi après toutes les contestations qu’elle est en train d’accumuler.
Depuis le 3 Mars, plus de trois longs mois se sont écoulés dont la majeure partie sans football et une analyse à froid de ce choix peut se poser. Et si finalement ce deal aux premiers abords perdant-perdant était un deal gagnant-gagnant ?
D’un point de vue personnel n’engageant que moi, payer de fortes sommes pour un entraîneur n’est pas dérangeant. Finalement, le prix de Ruben Amorim ne représente que les achats d’Alan Ruiz et Doumbia. Historiquement il n’y a eu que très peu de transferts de grands coachs, mais cela ne me choquerait pas si le Real dépensait 30 millions d’euros pour Klopp. Est-ce qu’Amorim est un futur grand coach ? Je ne sais pas. Est-ce qu’Amorim est un coach très prometteur ? Assurément.
Si une direction sportive est persuadée de voir en un jeune coach une future référence mondiale, alors le prix ne me choque pas. Dans ce cas, quel est le problème ? Le problème est simple : il s’agit d’une direction sportive ayant vu en Leonel Pontes un candidat crédible 6 mois plus tôt…
Après un échec aussi prévisible et non assumé (rappelons qu’en Février, Frederico Varandas continuait de penser que Leonel Pontes était un bon choix et qu’il n’a juste pas eu de chance) cette direction n’a pas la légitimité pour assumer ce choix, on ne parle pas d’une direction qui travaille bien depuis des années et des années type Leipzig.
De plus, ce n’est pas le seul domaine sur lequel la direction travaille mal, l’un des premiers réflexes a été de se dire que de toute façon Amorim n’est pas un pompier et ne peut pas sauver la maison seul. Le dernier mercato d’été est catastrophique, pourtant Hugo Viana est toujours aux commandes.
Plus qu’un entraîneur?
Et si finalement, tout ce cirque n’était pas la raison pour laquelle Amorim est venu ? Certains vont penser que je me suis cogné trop fort la tête contre un mur, mais détaillons.
Amorim est-il venu pour être l’homme fort de Sporting à tous les niveaux ? Il semble déjà avoir une place plus importante dans l’organigramme du club que ses prédécesseurs, comme le démontre son influence dans le choix du futur coach de l’équipe B (Celikkaya, faisant parti du staff technique de Luis Castro depuis plusieurs années) revenant la saison prochaine et le départ de Leonel Pontes pour les u23. On peut donc très bien l’imaginer avec une énorme influence dans les choix des prochains mercatos.
Ce coach a aussi la particularité d’avoir une idée de jeu propre à lui-même, il ne serait pas étonnant de le voir avoir une main-mise sur tous les échelons de la formation, dans quelques années parlerons nous du « 3-4-3 de l’école Sporting » ? Allons-nous adopter ce système des Iniciados aux Seniors ?
Pour conclure, allons-nous avoir affaire à un manager à l’anglaise comme a pu l’être Arsène Wenger dans le passé ?
Cela peut paraître terrifiant de donner les clés du camion à un jeune entraîneur de 35 ans, ayant seulement une dizaine de match en pro. Mais finalement, s’il ne s’agissait pas là d’un des projets les plus ambitieux possible pour un entraineur ?
Un choix qui aux premiers abords pouvait paraître bête sportivement et uniquement motivé par l’argent, est-il finalement tout compte fait un choix incroyablement ambitieux ? Quoique l’on en dise, le potentiel de Sporting si le travail est bien fait est nettement au-dessus de celui de Braga, le problème étant que le travail n’était pas là…avant Amorim?
Une chose est sûre, Ruben Amorim n’a pas hésité à quitter son petit cocon. Ce choix aura t’il été le bon ? Le futur nous le dira. Peut-être assisterons-nous à l’une des plus grosses déceptions en termes de coach, peut-être qu’il s’agit du début d’une grande carrière.
Crédit photo : sporting.pt