Pourquoi le premier défi de Carvalhal était défensif et qu’est-ce qu’il lui reste à faire

 Pourquoi le premier défi de Carvalhal était défensif et qu’est-ce qu’il lui reste à faire

Au regard du record peu glorieux de 50 buts encaissés en championnat la saison dernière et à l’aube d’un nouveau cycle dans son projet, retrouver une cohérence défensive décente et dans tous les registres semble être le premier défi pour le Sporting Clube de Braga d’un Carlos Carvalhal de retour 2 ans après son dernier mandat.

Même si Antonio Salvador avait laissé planer un sentiment de trahison lors du départ précipité d’Artur Jorge vers Botafogo au mois d’avril dernier, l’emblématique président de Braga ne peut pas nier qu’un changement d’entraineur pour la saison 2024/2025 était envisagé. Dès la mi-Mars 2024 pour être exact, les rumeurs envoyant Daniel Sousa à Braga fleurissaient déjà. Et cela seulement quatre mois après la prolongation de contrat d’Artur Jorge datant de Novembre 2023.

Les résultats des mois de Janvier et Février 2024 ne plaidaient en effet pas en la faveur de l’actuel entraineur du récent vainqueur de la Copa Libertadores. Mais ce revirement de stratégie concernant le leader de l’équipe première était peut-être plus profond. Lié potentiellement à un registre de la performance largement pointé du doigt lors du dernier exercice : le niveau défensif de l’équipe première.

La saison 2023/2024 est en effet bien plus symbolique et symptomatique à cause de ce nombre historique de 50 buts encaissés en 34 journées de championnat. Mais les maux datent de plus tôt. De la première saison d’Artur Jorge comme entraineur de l’équipe principale plus exactement. Des problèmes plus collectifs – dont la difficulté à reformer le bloc à la perte, défendre de manière plus compacte et coordonnée en bloc bas et gérer ainsi une largeur maximale – masqués principalement par des performances individuelles d’un bon voire très bon niveau – à l’image de l’avènement de Sikou Niakaté et des meilleures saisons en carrière de Vitor Tormena, Matheus Magalhães et Al Musrati.

Photo n°1. Union Berlin v. SC Braga, Octobre 2023 (source : Daniel Azevedo)
Photo n°1. Union Berlin v. SC Braga, Octobre 2023 (source Daniel Azevedo)

Des failles défensives collectives qui au lieu d’être identifiées et anticipées, ont semblé être minimisées. Tant par Artur Jorge en conférence de presse que par la direction sportive de Braga. Traduit pas certains choix réalisés tout au long du dernier exercice. Et engendrant cette désastreuse saison dans cet aspect du jeu.

A la surprise générale, Daniel Sousa est parti au bout de quatre rencontres en 2024/2025. Carlos Carvalhal est ainsi revenu prendre les rênes de l’équipe première dès le 12 août dernier. Et les deux buts encaissés tôt dans ce nouveau mandat, lors du derby, exprime avec force des problèmes observés depuis plusieurs mois.

Ainsi, de quelles défaillances défensives parle-t-on, qu’est-ce qu’à déjà mis en place Carvalhal en place et quels défis persistent pour la suite de la saison en cours ?

Pourquoi tant de buts encaissés ?

On a dans un premier temps, revu et analysé les 50 buts encaissés en championnat par Braga la saison dernière. Et le constat est accablant. Tant au niveau collectif qu’individuel et cela dans absolument tous les moments défensifs (organisation défensive, transition défensive et coup de pied arrêté défensif).


D’un point de vue de l’organisation collective tout d’abord, les problèmes au sein de la ligne défensive étaient excessivement nombreux. Au niveau de comportements très élémentaires tout d’abord telles que les couvertures, trop souvent non assurées à ce niveau ou laxiste dans les distances, et des cadrages approximatifs et régulièrement dans le mauvais timing.

Puis deuxièmement, lorsqu’il s’agissait de contrôler la profondeur et de reculer vers son but. L’équipe sera en effet souvent prise dans son dos côté droit notamment (Victor Gomez ou Joe Mendes comme latéral droit, José Fonte et Serdar Säatçi comme central droit). Permettant à l’adversaire de progresser et d’étirer sur la verticale le bloc bracarense. Une distension du bloc au préjudice important et expliqué plus en détail deux paragraphes plus bas. Cet inconfort lorsqu’il faut défendre vers son but étant aussi dommageable dans le contrôle de la surface. L’équipe se mettant ainsi fréquemment en difficulté lorsqu’il faut défendre les centres fuyants entre la ligne défensive et le gardien. Et par extension lorsqu’il faut contrôler la zone du deuxième poteau.

La ligne défensive a donc ses torts. Et ils sont nombreux. Mais cette dernière pourra aussi justifier un sentiment de laissé à l’abandon par le reste du bloc. Car cette saison 2023/2024 d’un point de vue défensif, c’est aussi la faillite d’un milieu de terrain et d’un groupe en manque de rigueur et d’effort dans la reconstitution du bloc à la perte de balle.

La faillite de l’entrejeu se résume ainsi par un manque d’organisation et de coordination dans les couvertures – s’exposant en termes d’espaces concédés et exposant par conséquent sa ligne défensive – et de compensation dans le contrôle de la surface. Braga a en effet constamment défendu avec une ligne défensive de 4 éléments sous Artur Jorge. Et même si cette dernière n’avait eu aucun problème de coordination, elle s’étire naturellement sur la largeur et a besoin naturellement de soutien.

La faillite du groupe quant à elle réside dans le moment qu’est la transition défensive. Très correcte lors de la première saison d’Artur Jorge – permettant à l’équipe d’être dominante et d’installer son jeu dans le camp adverse – elle s’écroulera la saison suivante. Les absences répétées et le départ ensuite à l’hiver de son moteur à ce niveau que fût le libyen Al Musrati est une raison majeure.

Les temps de jeu grandissant de Bruma et Simon Banza tout au long du dernier exercice en sont une autre. Important voire très important à différents moments de la saison offensivement, leur manque de courses de repli et de soutien a néanmoins été très préjudiciable. L’équipe réagissant donc moins rapidement à la perte. Mais surtout, elle s’écarta excessivement sur la verticale car en grande difficulté dans le retour défensif et la reconstitution du bloc. Un point palpable dans de nombreux extraits présentés ci-dessous. La transition défensive, ce n’est pas uniquement le contre-pressing et la réaction à la perte dans les 5, 7 ou 10 secondes en fonction des écoles. C’est aussi reconstituer son organisation défensive au plus vite si la récupération haute et rapide n’est pas possible.

On aura aussi remarqué dans les extraits précédents que les failles individuelles ne sont jamais loin. Incapable contrairement à la première saison d’Artur Jorge d’atténuer certaines failles récurrentes d’organisation et de coordination observées au fur et à mesure de son mandat. La vitesse de Tormena a été remplacée par José Fonte. Ce dernier bien vieillissant pour évoluer dans une défense centrale à 2 et qui ambitionne de jouer relativement haut. Et l’homme au milieu qu’est Al Musrati, qui sortait de sa meilleure saison défensive tant pour performer en transition défensive que pour rattraper de nombreuses situations de déséquilibre, n’a joué que 804 minutes de championnat avant son départ.

Ajoutant la baisse de rendement de Niakaté en première partie d’exercice et celle de Matheus durant la quasi exclusivité de ce dernier, la fébrilité est devenue très palpable dans le Nord du Portugal. Et le nombre de penaltys concédés (6) témoignent de cette faiblesse générale.

Ainsi, ce sont d’autres défaillances individuelles qui émergent et qui furent bien plus visibles désormais ! De manière plus globale dans un premier temps. On notera une équipe aux indices généralement très bas dans le geste et l’intervention défensive. Souvent passive pour gratter, seulement toucher certains ballons ou réaliser cette faute tactique afin de stopper ou bien à minima ralentir la progression adverse.

Et plus spécifiquement, la répétition plus régulière de certaines situations d’exposition a fait émerger plus explicitement certains points faibles – comme le registre aérien pour l’arrière droit Victor Gomez – ou rappeler certains défauts – comme le contrôle du deuxième poteau par le latéral gauche qu’est Cristian Borja.

Les phases arrêtées « indirectes » ne seront pas non plus épargnées par les défaillances défensives. 6 des fameux 50 buts encaissés le seront de cette façon. Offrant l’ouverture du score trois fois. Et faisant très directement perdre des points lors de la 19e journée face à la lanterne rouge Chaves (score final 1-1).

Sur corner, les adversaires ont profité d’une conception zonale extrême et qui met beaucoup plus en difficulté l’équipe dans l’approche du duel qui se présage qu’elle ne la met dans le confort. Les menaces adverses majeures sont en effet insuffisamment gênées plus en amont afin de ralentir leurs courses. Le bloc défensif assez statique subit ainsi les déplacements de plus loin. Et est par conséquent en difficulté dans le duel.

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Braga aura aussi été en difficulté sur coup-franc indirect ou sur les corners joués courts. Ces derniers générant un semblant de position de centre plus classique. Portimonense, Porto puis Arouca profitant d’une équipe, comme on l’a vu précédemment, en difficulté pour reculer vers son but. Exposant sa zone du point de penalty et sa petite surface. L’équipe étant sur ces situations toujours trop portées sur la zone et lent pour coulisser verticalement. Les nordistes se mettant aussi en difficulté au marquage lorsque les situations d’infériorités numériques se présenteront. Des problèmes aussi observés sur les buts concédés à la suite de centres dans le jeu (Famalicão lors de la 19e journée et le SC Farense lors de la 22e journée).

Enfin, la dernière grande catégorie est celle des erreurs individuelles graves. Qu’on peut encore diviser en deux sous-catégories. Celles largement non provoquées mais offrant des occasions très franches. Trop nombreuses et qui pourraient en partie s’expliquer par un manque de confiance générale dans le registre défensif au fur et à mesure de la saison.

L’autre catégorie est associée aux pertes de balle spécifiques de Rodrigo Zalazar. Lorsque ce dernier reçoit notamment des ballons dos au jeu. Lui qui apprécie de réaliser une différence directe sur sa prise de balle pour ensuite lancer ses longues chevauchées balle au pied, ce dernier doit être capable de beaucoup mieux assurer sa réception, et être moins dilettante, quand cela n’est pas possible. Une piste potentielle étant de mieux utiliser son corps afin d’éviter ces pertes de balles extrêmement néfastes. Ces dernières ayant générées deux ouvertures du score adverse et une égalisation. Entachant une première saison au Portugal pourtant très prometteuse sur de bien nombreux aspects.

Et pour conclure cette analyse, impossible de ne pas terminer par la saison réalisée par le dernier rempart emblématique du SC Braga : Matheus Magalhães. Comme dit précédemment, il était l’une des individualités majeures qui ont retardé la véritable prise de conscience des problèmes défensifs de l’équipe lors de la saison 2022/2023. Sortant surement la saison de sa carrière, notamment sur la longueur d’un championnat, en termes de points rapportés par ses performances propres. Visuellement et statistiquement, le constat était sans discussion.

Sauf que la saison suivante, visuellement et statistiquement, le constat est à l’inverse mais reste néanmoins sans discussion : Matheus a fait perdre des points à son équipe. Dans quelle mesure les contacts étaient sérieux avec Nottingham Forest pour un départ en Premier League à l’été 2023 ? Et à quel point cette opportunité manquée l’a affecté psychologiquement ? L’hypothèse s’entend quand on observe cette chute drastique de niveau entre ses deux dernières saisons complètes. Une situation qui aurait dû pousser le club à lancer une juste concurrence entre lui et son désormais deuxième gardien Lukas Hornicek. Ce dernier ne devant pas attendre éternellement sa chance.

La peur de changer par reconnaissance pour service rendu reste un mal installé presque partout au sein de l’écosystème football au Portugal.

Figure n°1. Quelle est l’efficacité des gardiens de Primeira Liga (D1 Portugaise) d’après le modèle des Post-Shot Expected Goals ?

Les quelques solutions trouvées par Carvalhal et ce qu’il reste à optimiser

Nombreux sont donc les points d’amélioration qui ont été mis en évidence et qui reste à la main du staff technique. De la transition défensive, en passant par les coups de pied arrêtés défensifs et jusqu’à la recréation d’automatismes au sein de la ligne de défensive (parfois élémentaires en ce qui concerne certaines couvertures, cadrages et compensations).

Avant toute chose, un focus sur la direction sportive, dans l’identification et le choix des profils, était nécessaire. Car ces dernières années, le manque de qualité individuelle dans le registre défensif au niveau du geste et de l’intervention est, comme on l’a vu, criant. Artur Jorge pourra en effet toujours se défendre que ce n’est pas lui qui a laissé partir Al Musrati en milieu de saison (et hors mercato au Portugal). Et que ce n’est toujours pas lui qui a remplacé Vitor Tormena par José Fonte. Surtout quand l’équipe principale reprenait sous ses ordres le virage de la défense à 4. Demandant plus d’envergure et de responsabilité face aux espaces plus importants à contrôler. Et cela après plusieurs saisons à 5 défenseurs qui offraient des couvertures mutuelles plus proches. Ainsi que plus de confort dans le contrôle de la largeur.

Les choix de l’été dernier sont intéressants mais ne sont cependant pas pour nous rassurer complétement. Plus en amont sur le terrain, on notera néanmoins les capacités dans le pressing nouvelles offertes par les recrues offensives de l’été dernier que sont Amine El-Ouazzani, Roberto Fernandez et Gabri Martinez. Offrant une nouvelle dimension au jeu de l’équipe qui été largement négligé ces dernières années. Et qui porte déjà quelques fruits.

Au sein de la ligne défensive désormais, les recrutements de Bright Arrey-Mbi et João Ferreira sont les plus prometteurs. Pour Yuri Ribeiro et Robson Bambu, les doutes subsistent. À tel point que ces dernières semaines, Carvalhal s’est forcé à mettre en place une formule se basant sur une stricte défense centrale à 3 – composée de João Ferreira, Sikou Niakaté et Bright Arrey-Mbi ou Paulo Oliveira – et des ailiers de formation que sont Roger à droite et Gabri Martinez à gauche pour jouer le rôle de piston. Traduisant ainsi les doutes concernant les latéraux de l’équipe première actuellement.

Le niveau défensif de Gabri et Roger à ces postes se résume encore à leur vitesse, pour compenser un certain déséquilibre dans le contrôle de la profondeur, et une débauche importante d’énergie dans les efforts mais malgré cela, la dernière ligne bracarense semble être plus confortable. Selon les bienfaits rappelés trois paragraphes plus haut et que Carvalhal maitrisent parfaitement. A l’image de la confrontation face au Sporting du 10 Novembre dernier. Soldée par une défaite et 4 buts encaissés pour seulement 0.9 xG concédé. Traduisant la plus que décente performance défensive du SC Braga ce jour-là dans le registre de l’organisation défensive en bloc médian/bas.

Photo n°2. Servette FC v. SC Braga, Août 2024 (source : Marc Delacrétaz)
Photo n°2. Servette FC v. SC Braga, Août 2024 (source Marc Delacrétaz)

Néanmoins, ce fameux match face au Sporting a permis dans le même temps de rappeler avec force le premier défi majeur restant : les corners défensifs (cf. le but du 2-1 par Hidemasa Morita), datant déjà de la saison dernière comme on l’a vu. A ce niveau, aucun changement drastique n’est observable d’un point de vue personnel. La conception ultra zonale dans ce registre est préservée. De même pour la vulnérabilité de l’équipe dans ces moments. 5 des 22 buts encaissés par Braga cette saison l’ont été sur corner défensif.

Le deuxième défi concerne un point qui là aussi traine depuis la saison dernière : le niveau du gardien qu’est Matheus. Aucune amélioration n’est observable, bien au contraire. Dans le registre des arrêts, si on reprend le modèle des Post-Shot Expected Goals vu précédemment, ce dernier a déjà encaissé 13 buts pour 12,3 PSxG soufferts en 2024/2025 (source : Opta via FBref). Le portier brésilien commence ainsi tout doucement à faire de nouveau perdre concrètement des points à son équipe sur une deuxième saison consécutive. Et au moment de construire, la détérioration de son jeu au pied et de plus en plus flagrante. L’imprécision dans le jeu long qui faisait sa force il y a encore quelque temps, ralenti désormais fortement l’évolution en construction de l’équipe selon les ambitions de Carlos Carvalhal.

Mais ce dernier, semblant s’enfermer depuis son retour dans une logique très portée sur les statuts de certains cadres du vestiaire, ne peut s’en prendre qu’à lui-même concernant une évolution trop lente de l’équipe dans le jeu. Le traitement du deuxième gardien qu’est Lukas Hornicek, très rassurant lors des 3 matches qu’il a disputé cette année, est le plus emblématique. Mais d’autres cas existent.

Aucun remplaçant n’a par exemple été approché pour palier le départ d’Al Musrati l’été dernier. Offrant de la confiance à un Vitor Carvalho sérieux mais loin des indicateurs de son prédécesseur. Surtout avec ballon. Jean-Baptiste Gorby, le français formé au club, revenu de son prêt à Paços de Ferreira plus mature, impressionne par ses performances toujours très positives à chaque sortie cette saison. Surtout avec ballon. Mais ce dernier subit lui aussi un manque de continuité et de confiance touchant de manière incompréhensible les jeunes de sa formation ces derniers mois.

Le dernier symbole de cette situation étant l’international U20 portugais Francisco Chissumba. Après une top saison dernière en Liga 3 et une top année 2024, que le natif Braga n’ait toujours pas fait ses débuts en équipe première est incompréhensible. Surtout quand on rappelle la confiance désormais nulle portée aux latéraux gauche de l’équipe première, Adrian Marin et Yuri Ribeiro, évoqué plus haut.


Dans notre podcast d’avant-saison (où Daniel Sousa était donc toujours l’entraineur du club), les raisons de l’avènement d’un nouveau cycle à l’entrée de l’exercice 2024/2025 dans le projet du SC Braga avait été largement développées. Vous l’aurez compris, les défis restent nombreux. Mais le retour à un niveau défensif décent reste la priorité, au regard des dernières saisons dans ce registre, et le meilleur moyen pour poser les fondations les plus solides possibles dans la recherche d’un nouveau virage rapidement vertueux.

Matthieu Monteiro

https://matthieumonteiro.medium.com/

Sócio n°9491 Sporting Clube Braga • 27 ans • @MMatthieuZSCB sur Twitter • Chroniqueur et Rédacteur sur Golaço depuis 2019 • Ingénieur informatique & analyse vidéo • Fondateur de @ZoneSCBraga sur Twitter • Ne jure que par les schémas de Paulo Fonseca et Eder en prolongation

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