Le Sporting Clube de Braga 2020-2021 en chiffres
Très heureux de vous présenter le premier article de notre nouvelle rubrique surnommée « Le Banc des Stats » qui évoque aujourd’hui le Sporting Clube de Braga version 2020/2021 par le biais des stats en collaboration avec Dunk The Data (@DunkTheData).
Si vous nous suivez depuis les débuts des émissions en direct et podcasts, on a essayé de donner une petite place aux statistiques avancées. Dans le but d’essayer d’appuyer et compléter nos analyses tout en restant mesuré sur cet outil. On continue ainsi par cet article à associer nos analyses factuelles supportées par les stats pour décrypter le meilleur football du championnat portugais selon l’auteur de ce papier : celui du Sporting Clube de Braga. En effet, l’équipe de Carlos Carvalhal reçoit des éloges mérités depuis son arrivée à la tête de l’équipe première des Guerriers du Minho. Avant cette défaite en finale de la Coupe de la Ligue, Braga était la seule équipe portugaise encore présente dans toutes les compétitions. Une équipe cohérente, compétente et portée vers l’offensive et donc forcément intéressante à analyser, cette fois-ci par le prisme des « Data ».
Palhinha et Trincão bien remplacés ?
Cet été, la grande problématique du mercato était le remplacement de deux éléments prépondérants dans l’obtention des bons résultats de la saison qui venait de s’achever. Le tentaculaire milieu défensif João Palhinha est retourné au Sporting après 2 saisons de prêt dans le Nord du Portugal. Le joyau du centre de formation Francisco Trincão s’est quant à lui dirigé vers le FC Barcelone. Un transfert qui était on le rappelle prévu depuis janvier 2020 et dont le remplaçant était trouvé bien avant l’arrivée de Carlos Carvalhal à Braga.
Iuri Medeiros a en effet connu des expériences à l’étranger difficiles depuis son départ du Sporting mais a eu le don de correspondre parfaitement au profil recherché pour suppléer le départ de Trincão : gaucher, préférant évoluer depuis le côté droit, capable de percuter de ce côté vers l’intérieur mais aussi de recevoir depuis le couloir central et donc ne pas être qu’un simple ailier. Fort dans le dribble dans les espaces réduits, le centre et la finition, notamment à mi-distance, le natif d’Horta dans les Açores présentait un profil très similaire mais pas avec la même courbe de progression dans les performances que le barcelonais.
Mais cette demi-saison de Iuri Medeiros donne déjà raison aux décideurs du Sporting Clube de Braga. Comme on peut le voir sur le radar ci-dessus, les deux joueurs se démarquent dans les mêmes domaines au sein de la création offensive. Combiné à cela, des stats extrêmement honorables pour un retour au Portugal de l’Açoréen qui l’est tout autant.
Si les dirigeants des guerriers du Minho ont décidé de remplacer Trincão par un profil de milieu offensif très similaire, ce n’est pas exactement le cas pour le remplaçant de João Palhinha. Car premièrement, il est très difficile de trouver un milieu défensif avec ce rendement dans tous ces aspects que sont la récupération, les couvertures au milieu de terrain, la qualité des interventions ou la réaction à la perte du ballon. Des qualités relativement liées au jeu sans ballon où le remplaçant choisi ne fait pas non plus tache. Du haut de son mètre 89 et de ses 83 kg, Ali Mohamed Al Musrati n’est peut-être pas encore aussi performant défensivement qu’un Palhinha d’un niveau international aujourd’hui, il a néanmoins changé le visage de ce double pivot par ses qualités avec ballon.
Un milieu si difficile à presser et d’un sang-froid impressionnant associé à sa qualité de passe pour trouver les chemins du contournement du pressing. Une qualité dans les transmissions longues et courtes qui s’exprime aussi face à des blocs plus bas, en ayant cette obsession du jeu vers l’avant pour progresser, trouvant facilement l’espace entre les lignes tout comme la profondeur. Ajouter à tout ça une bonne frappe de loin (cf. but face à Leicester City en Europa League) et quelques belles projections dans les 30 derniers mètres. Une différence entre le portugais et le libyen, qui s’exprime aussi en chiffres et qui traduit néanmoins un apport immédiat en termes de rendement de la part d’Al Musrati.
L’organisation asymétrique de Carlos Carvalhal
Même si Carlos Carvalhal n’aime pas analyser son équipe par le biais des systèmes, on va quand même essayer d’analyser et comprendre l’organisation spatiale de son Sporting Clube de Braga appuyé par certaines « heatmaps ». En effet, on l’a souvent rappelé dans nos émissions en direct, il est facilement identifiable que l’équipe de Braga en phase de construction s’organise en 3-4-3. Mais cette organisation bien connue de ses joueurs avant son arrivée (cf. passage d’Abel Ferreira notamment) a tout de même certaines nuances importantes à souligner par rapport au passage de Ruben Amorim.
Tout d’abord par rapport au rôle de Nuno Sequeira. L’homme aux 10 passes décisives la saison dernière n’en est qu’à 2 offrandes en 23 matchs cette saison. Car celui-ci n’est plus un piston dans l’organisation de l’ancien entraineur du Rio Ave, mais bien défenseur central en phase de construction. En effet, contrairement à Ricardo Esgaio, lorsque Braga a le ballon, Sequeira reste au niveau de la ligne défensive pour former une ligne de 3 alors que le droitier s’exporte bien plus haut sur son côté. Et c’est plutôt Galeno qui est l’homonyme d’Esgaio au poste de piston gauche.
Mais comme on peut le voir ci-dessus, le latéral de formation qu’est Sequeira lui permet tout de même de se projeter parfois sur le côté gauche pour apporter le dédoublement à Galeno quand la situation le permet (surtout quand l’équipe arrive à libérer de l’espace sur ce côté gauche en commençant à construire à droite comme sur la vidéo ci-dessous). Des projections bien plus régulières que le défenseur central extérieur à l’opposé de la ligne de 3 qu’est Bruno Viana.
Une asymétrie encore plus visible sur le visuel ci-dessus et justifiée par le côté plus offensif de Galeno, soutenu défensivement par Sequeira. Contrairement à Esgaio, qui grâce à son immense capacité à répéter les efforts, peut tenir le couloir droit seul (très évident sur l’image n°2). On note au passage la forte concentration dans l’axe des 3 attaquants. En essayant ainsi de se défaire du mythe d’un Ricardo Horta ou d’un Iuri Medeiros évoluant comme ailier. Les 2 créatifs de Braga sont des joueurs à l’intérieur du jeu, essayant de recevoir à partir de l’espace entre les lignes et des demi-espaces, soutenus par le non moins à l’aise dans ces zones : Paulinho. Un trio en grande partie responsable de la désormais haute compétence de l’équipe à enfin réussir à déséquilibrer plus facilement depuis le couloir central les très organisés blocs bas de Liga NOS.
Défensivement, c’est encore le positionnement des joueurs côtés qui symbolise l’organisation du Sporting Clube de Braga dans ce moment du match. En effet, sans ballon, Braga s’organise aussi et surtout en fonction de l’adversaire. Par exemple, face à une équipe qui dispose ses latéraux très haut sur le terrain (cf. Zorya Louhansk en Europa League), Carvalhal demande souvent à Galeno de se placer tel un latéral pour former une ligne de 5 derrières. D’où sa position assez intermédiaire sur le visuel ci-dessous. Car en effet, Braga défensivement s’est cette saison déjà organisé en 4-4-2, en 5-4-1, en 5-3-2 et en 5-2-3 et à chaque fois, c’est la position de Galeno qui définit le nombre d’éléments dans la ligne défensive. Néanmoins, le contrôle de la profondeur extérieure reste un des points faibles de Galeno à travailler absolument.
L’influence de Ricardo Horta et Paulinho
49, c’est le nombre de buts qu’ils ont à eux deux marqués lors de la saison 2019/2020. Il était ainsi difficile d’imaginer que les deux allaient rester une saison de plus au sein du Sporting Clube de Braga. Et leur rendement cette saison n’a pas réellement changé. Ricardo Horta et Paulinho sont quasiment sur les mêmes temps de passage en termes de buts inscrits que lors de cette saison 2019/2020 : au bout de 24 matchs la saison dernière, Paulinho comptait 12 buts en 25 matchs contre 10 cette saison toutes compétitions confondues. Ricardo Horta comptait quant à lui 11 buts en 25 matchs contre lui aussi 10 buts cette saison. Toujours décisifs donc mais surtout toujours aussi créatif.
Pas forcément étonnant pour l’ancien joueur de Malaga. Désormais très loin de son rôle d’ailier gauche de formation, Ricardo Horta est tout aussi prépondérant dans la création des occasions que dans leur concrétisation. Il est en effet très largement au-dessus en Liga NOS dans tous les indicateurs de production d’opportunités par match (Chances created, Expected Assist, Key passes). Le portugais se différencie encore cette année par son apport créatif entre les lignes, par ses qualités dans la prise de décisions et dans tous les types de transmissions. Si dangereux lorsqu’il est face au jeu, associé à ça un sacré sens du but lorsqu’il est dans la surface.
Exprimé aussi par les métriques que sont les Expected goals et qui sont dans son cas, digne d’un très bon avant-centre. Et en parallèle, des indicateurs en termes de dribbles bien loin de l’ailier percutant qu’il n’a jamais réellement était. Ricardo Horta, crée, se crée mais n’est toujours pas appelé en Seleção (avis totalement objectif de la part de l’auteur) malgré ses 65 buts en 5 saisons sous les couleurs rouges et blanches.
Plus surprenant (ou pas finalement si vous écoutez régulièrement nos émissions) c’est que Paulinho présente tout autant ces attributs dans la création. Ce qui fait de lui un joueur loin d’être un simple numéro neuf. Ses 63 buts ces 4 dernières saisons attestent déjà d’un garçon à l’aise dans la surface bien évidemment. Mais Paulinho se différencie surtout par son apport dans le jeu et dans la création.
Véritable tueur de pressing lorsqu’il est trouvé dos au but, il aime face à des blocs plus organisés se déplacer dans le dos des milieux adverses pour faire progresser son équipe et servir ses coéquipiers (cf. Le but de Braga face à Gil Vicente). Ses chiffres en termes de création d’occasions (Chances created, Expected Assist) pour un avant-centre sont impressionnants. Enlevez les buts à l’international portugais, et vous obtenez un joueur qui jouera pour ses partenaires et sera toujours aussi important dans votre organisation collective.
Braga par les métriques
D’un point de vue plus collectif, certains indicateurs témoignent de la bonne dynamique de l’équipe, surtout défensivement. Un aspect largement critiqué par les supporters de Braga la saison dernière avec le raccourci très communément réalisé d’incriminer les défenseurs centraux. Car dans ce Braga de Carlos Carvalhal, s’il est bien visible que le processus offensif est collectif, le processus défensif l’est tout autant. Et c’est dans cet aspect que les guerriers du Minho ont progressé pour être plus régulier en championnat que la saison dernière.
Le dernier graphique nous montre qu’offensivement, l’équipe est sur quasiment les mêmes standards que la saison dernière en termes de tirs, tirs cadrés et d’Expected goals par match. C’est en effet défensivement que les courbes différents nettement. Cette saison en championnat, Braga encaisse significativement moins de tirs, de tirs cadrés, d’Expected goals et de buts par match. Preuve qu’une défense, qui n’a pourtant absolument pas changé, peut progresser.
Une progression qui d’un point de vue tactique s’observe par une réaction à la perte du ballon bien meilleure, et ça malgré le départ de Palhinha. L’équipe ne fait pas que mieux réagir à l’image d’un André Castro arrivé cet été et aussi très efficace dans ces moments. Elle est plus concentrée et efficace dans la prévention du moment de la perte du ballon comme sur la vidéo ci-dessous. L’équipe de Carlos Carvalhal va finalement marquer et est donc sur un moment offensif mais avait déjà pensé au moment d’après, moment de transition défensive, par le positionnement de David Carmo notamment.
Cependant, Braga fait en effet mieux que la saison dernière défensivement mais pas encore assez pour avoir un rythme de réel prétendant au titre. L’équipe de Carvalhal démontre une grande régularité dans la domination d’une majorité de ses adversaires. Et cela malgré un calendrier dantesque en cette saison si spéciale en termes de rapprochement des matchs. Mais si sur 12 des 15 premiers matchs de championnat, Braga a toujours plus produit offensivement en termes d’Expected Goals que son adversaire, l’équipe encaisse quand même encore 1,07 xG par match en championnat. Moins que la saison dernière donc mais bien plus qu’un Sporting par exemple, qui cette saison n’encaisse seulement que 0,68 xG par match. On en conclue que Braga progresse sous la main de Carvalhal, dans tous les aspects. Mais que défensivement, pour passer un cap, il faudra peut-être dans les mois à venir, du renfort en termes individuel.
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