Portugal 3 – Ghana 2 : Une idée de jeu ne s’improvise pas en une semaine

Retour sur l’approche tactique de la Seleção à l’occasion de son entrée en lice face au Ghana lors de cette Coupe du Monde 2022.
L’entrée en lice de la Seleção dans une compétition internationale est toujours un moment spécial. Excitation et espoir prennent le pas à l’attente du premier coup d’envoi. Et ces dernières années, souvent de manière légèrement déraisonnable. Difficile en effet d’oublier les dernières phases finales de Coupe du Monde du Portugal, le dernier championnat d’Europe insipide ou encore les rencontres à domicile face à la Serbie et l’Espagne sur la dernière année.
« Le XI aligné face au Ghana sera dynamique et créatif » annonçait Fernando Santos avant cette première journée face au Ghana. Une communication finalement corroborée par l’annonce du XI de départ. Difficile en effet d’aligner une composition plus « créative » sur le papier à presque tous les postes. Ressemblant à un coup de poker. Tel un devoir sur table révisé la veille au soir.

En effet, une certaine centralisation du jeu était donc attendue avec les titularisations d’Otavio, Bernardo Silva, João Félix et Bruno Fernandes. Les deux derniers, comme face au Nigéria en amical une semaine auparavant, étant les plus hauts sur le terrain des quatre joueurs mentionnés. Intérieur gauche pour le joueur de l’Atletico et intérieur droit pour le joueur de Manchester United afin d’accompagner Cristiano Ronaldo en pointe.
Grande mobilité ensuite et au milieu de la part de Bernardo Silva et Otavio. Accompagnant à tour de rôle Neves à la construction. L’autre devant ainsi apporter une ligne de passe plus haute sur le terrain. La largeur et la profondeur étant supposées être sous la responsabilité de Cancelo et Guerreiro. Face au 5-3-2 compact ghanéen facilement identifiable dès le début de la rencontre.


Minimaliste en organisation offensive, sérieux à la perte.
Dans une première mi-temps où les moments d’organisation offensive vont se succéder, on notera la « volonté » d’enfin mieux occuper les espaces avec ballon. Notamment à l’intérieur. Qui bénéficiera, comme on le verra, lors des moments de perte de balle.
Mais l’organisation ne peut pas se substituer aux dynamiques et aux mouvements. Plus que de la profondeur, c’est de la coordination et des automatismes qu’il a manqué au Portugal pour réaliser une réelle prestation collective de haut niveau dans le jeu. Et manipuler ainsi une organisation défensive ghanéenne compacte mais loin d’être infaillible.
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En effet, nombreux ont été les décrochages et les courses en demandant dans les pieds sans qu’un appel en profondeur soit réalisé dans le même temps. Par manque de proximité entre les éléments et surtout d’automatisme dès que certaines situations se sont présentées. Et l’action inverse, d’avoir deux joueurs réalisant le même appel court pour ouvrir un espace à l’intérieur, qui n’est donc pas occupé, sera aussi observé. Manipuler, désorganiser sans réellement exploiter.













Et plus le temps avance, plus les problèmes récurrents de cette équipe ont en effet refait surface. La réticence pour réellement exploiter le couloir central s’est encore faite ressentir. Impliquant naturellement cette fameuse « possession U » et l’utilisation du centre. Souvent à outrance et parfois de très loin. L’animation offensive de la Seleção faisant retomber drastiquement certains espoirs au regard de la composition d’équipe.
La seule satisfaction de cette approche en première mi-temps sera la réaction à la perte. La patience (ou la passivité) du Portugal en organisation permettant au moins de s’ancrer dans le camp adverse. Etant positionné assez haut préalablement dans ces moments avec ballon afin de réagir plus efficacement pour récupérer ce dernier rapidement dans le camp adverse ou couper rapidement la progression de l’adversaire du soir. Les menaces qu’étaient Mohammed Kudus et André Ayew en transition pour faire ce lien avec les courses d’Inaki Williams dans le dos de Danilo et Ruben Dias étant non négligeables. Les défenseurs centraux portugais sérieux en première mi-temps au niveau du contrôle des grands espaces.
Minimaliste dans les moments de déséquilibre, déconcentré derrière
L’ouverture du score de Cristiano Ronaldo sur penalty (65e) a coïncidé avec le changement de physionomie de la rencontre. Faisant entrer la partie la partie dans une configuration plus chaotique et de transition beaucoup plus fréquente. Plus d’espaces à exploiter et de temps pour décider qui ont favorisé le jeu d’un Bruno Fernandes notamment. A l’image des deuxième (78e) et troisième buts portugais (80e).
Après néanmoins une première partie de rencontre très frustrante au niveau des quelques moments d’attaque rapide offert à la Seleção. Incapable jusqu’au but de Félix, d’exploiter les phases de déséquilibre et erreurs offertes par les Black Stars. Souvent par manque d’automatisme encore mais aussi de vitesse. Tant dans les transmissions que dans les conduites de balle.
Un match plus débridé qui a aussi mis en évidence des fragilités défensives inquiétantes à l’approche d’un compétition telle que la Coupe du Monde. Le Portugal commençant à perdre des ballons dans des zones non souhaitées. Et en démontrant aussi des failles au niveau de la ligne défensive. Tant collective pour s’adapter à un Ghana forcément plus offensif après avoir encaissé l’ouverture du score. Tant individuel dans l’abordage de certaines actions et certains marquages. João Cancelo et Raphaël Guerreiro dans le viseur. L’erreur de Diogo Costa à la dernière minute de cette rencontre comme point d’orgue de cette démobilisation générale embarrassante.



Ainsi, face à l’Uruguay ce lundi, l’inquiétude d’une configuration de match similaire est légitime. Une équipe sud-américaine potentiellement plus rigoureuse, plus appliquée dans les positionnements défensifs et probablement plus dangereuse en transition (via le bien connu Darwin Nunez ou encore Federico Valverde). Le type de défi qui attend la Seleção pourrait être équivalent au Ghana. Mais d’un niveau bien plus élevé.
