João Neves : Petit par la taille, grand par la mentalité

 João Neves : Petit par la taille, grand par la mentalité

João Neves a réalisé le rêve de centaines de jeunes formés au Seixal : remporter le championnat sous les couleurs du SL Benfica. Son rôle a été prépondérant lors du sprint final. Mais avant de vivre tout cela, le minot a affronté de nombreuses étapes difficiles dans sa vie et les a traversées grâce à une chose : sa mentalité. 

À 18 ans seulement, le milieu portugais a été l’attraction de cette fin de saison. Il s’est imposé comme un élément essentiel des encarnados pendant la dernière phase du championnat. Sa présence a apporté une bouffée d’air frais dans le cœur du jeu. Cependant, avant d’en arriver là, il a cravaché. Raillé par ses coéquipiers pour sa petite taille lors de sa formation, bloqué dans sa lancée par la pandémie du Covid-19 et blessé gravement alors qu’il était en pleine bourre en U19 chez les Aigles l’année dernière : les épreuves ont été perverses et dures à encaisser. Qu’est-ce qui lui a permis de passer outre tout cela ? Sa maturité et son mental d’acier. 

Acte I : Tavira, le rôle de son père et son départ à Lisbonne 

L’enfant qu’était João Neves connaît ses premières sensations balle au pied dans un des clubs de sa ville natale : la “Casa do Benfica de Tavira”, l’une des institutions benfiquistes qui étaient présentes dans son patelin et dont le père était entraîneur (et actuellement un des coordinateurs). 

Dans cette première entrée dans le monde du football, il y apprend une tradition qu’il perpétue encore aujourd’hui : le maillot dans le short. Car, non, ce style n’est pas un hommage au style des années 90 mais c’est bien en référence à l’éducation que son paternel lui a donnée. Ce dernier, connu pour être quelqu’un de rigoureux, avait inculqué cet accoutrement à son fils comme signe de respect au SL Benfica. 

Après ses premières leçons footballistiques et d’humilité, place à la seconde étape maintenant. À ses 8 ans, il rejoint le Centre de Formation et d’Entraînement du Benfica à l’Algarve, la ville voisine. Là-bas, il aura comme coéquipier un certain Gonçalo Ramos.

Les gamins Gonçalo Ramos et João Neves déjà ensemble (Crédit Photo – A Bola)

À ce jeune âge, tout est encore amusement et rigolade. La donne change lors d’un stage de détection à Lisbonne, sur le petit terrain synthétique juste à côté du Estadio da Luz. Joãozinho a tapé dans l’œil des superviseurs et reçu une invitation pour intégrer les jeunes catégories du Glorioso. Cette invitation l’oblige à quitter le cocon familial pour s’installer au Seixal (centre du formation du Benfica basé au sein de la capitale) alors qu’il n’avait que 12 ans. 

L’aventure solitaire commence ainsi et le but ultime est simple : faire partie de l’équipe principale du Benfica à l’issue de cette formation. 

Signature de son contrat de formation avec Benfica (Crédit Photo – Twitter SL Benfica)

Acte II : Une mentalité qui se forge dans l’adversité

« Parfois, j’ai ressenti des moments où ma famille me manquait vraiment. Mais ils doivent me laisser mon propre espace pour que je grandisse. La vie se fait dans l’adversité et c’est ainsi que je vais gagner en maturité. »

Comme on dit : loin des yeux mais près du cœur. Même à des centaines de kilomètres, le sudiste continue de penser à sa famille toutefois, il reste complètement concentré sur ses objectifs. Sans ses proches, la solitude peut vite gagner du terrain. Pourtant, est ce qu’il est réellement seul ? Pas vraiment. Le Benfica Campus réunit des centaines d’athlètes et il va y rencontrer des coéquipiers qui vont devenir de grands amis, tels qu’André Gomes (actuel gardien de l’équipe B) et António Silva (on ne le présente plus). 

Maintenant qu’il a pris ses marques, les bonnes performances dans le cœur du terrain commencent à s’enchaîner. Une petite chose (et c’est le cas de le dire) reste en travers de son chemin : sa taille. À 14 ans,  il est l’un des plus petits (si ce n’est le plus petit) des U15 du SLB et également de la Seleção. Cela lui vaudra de nombreuses moqueries, peu importe pour le bambin, il sait passer outre grâce à son attitude posé et sa clairvoyance. 

« Ça se trouve on me méprise à cause de ma taille ou de ma force physique, mais l’intelligence fait partie également du jeu. Quand on n’a pas un corps imposant, il faut utiliser ce qu’on a dans notre tête. »

C’est ce qu’il déclarait à ce stade de sa vie. La tête froide face aux stéréotypes de la surdimension de l’importance du physique dans le jeu : il avait déjà une longueur d’avance intellectuelle par rapport aux autres. Dame nature ne le laissera pas comme ça puisque lors de son adolescence, il fait une poussée de croissance de 15 centimètres jusqu’à atteindre 1 mètre 74 (sa taille actuelle). 

Lorsque des obstacles sont en travers de son chemin, il arrive à les surmonter, même si ça demande beaucoup de patience : la période du Covid-19 en est le bel exemple. En 2020, la pandémie stoppe la progression de milliers de promesses dont celle du jeune benfiquiste. Le football de formation est arrêté pendant près d’un an et demi. Ce n’est que partie remise. 

Il prend son mal en patience et revient sur le devant de la scène en 2021 en découvrant une nouvelle compétition : l’UEFA Youth League. Il y trouve ses aises et a même les ressources pour produire de bonnes copies dans le championnat des U19. Tout se passait bien, voire trop bien. Une fois n’est pas coutume, Il se doit de surmonter une énième épreuve : à la fin du mois de mars, il souffre d’une grave blessure (rupture des ligaments croisés). 

Il se voit imposé une nouvelle pause dans sa jeune carrière néanmoins il reste toujours présent sur le terrain. Tout du moins comme supporter. En béquilles, le sourire aux lèvres, encourageant ses coéquipiers lors de chaque séance de préparation au Final Four de la Ligue des Champions des jeunes : il a toujours en lui cette passion pour le sport ainsi que du respect envers son club, malgré la douleur physique et émotionnelle qu’il ressentait. 

Le corps n’est pas sur le terrain mais son âme y est (Crédit Photo – Mais Futebol)

Sans lui, les encarnados raflent tout : le titre national des Juniores (U19) et surtout la fameuse Youth League.

L’exercice 2021 – 2022 lui laisse un goût très amer à titre personnel. Toute sa patience sans tâter le ballon pendant ses longs mois va le forger et le rendre plus fort. 

Faisons place à la saison 2022 – 2023, là où il va enfin connaître la cour des grands. 

Acte III : La consécration au plus haut niveau

C’est bon. La vilaine blessure n’est plus qu’un mauvais souvenir. Il reprend ses crampons et débute avec un accomplissement historique : le sacre de la Coupe Intercontinentale U20 face au Peñarol (0 – 1). Une bonne petite reprise et il enchaîne en faisant ses premiers pas, et de très bons pas, avec l’équipe B en deuxième division portugaise, là où il continue de démontrer sa personnalité. 

João Neves retrouve le sourire après le sacre de la Coupe Intercontinentale U20 (Crédit Photo : Twitter Benfica Youth)

L’univers lui en a fait baver ces dernières années, cependant durant le mois de novembre 2022, il a une opportunité en or qu’il s’offre devant lui : la pause réservée à la Coupe du Monde. Lors de cette période, bon nombre de jeunes de la formation sont sélectionnés pour monter chez les grands de la A. Notre personnage principal en fait partie. À la fin du Mondial, les cadors de l’effectif font leur retour, obligeant ainsi certains enfants du Seixal à redescendre dans leurs catégories. Certains mais pas tous. Le natif de Tavira fait partie des survivants grâce à son sérieux. Il entre désormais dans le monde des adultes et effectue ses premières minutes en Liga Bwin. 

Entretemps, un épisode surprenant va se dérouler lors du mercato hivernal : la novela “Enzo Fernandez”. 

« Il n’y avait pas les cibles que nous voulions dans le marché. Nous avons de jeunes joueurs qui peuvent correspondre à notre schéma de jeu, comme João Neves. »

Ce n’est nul autre que Rui Costa, le Président du SLB, qui lui donne sa confiance lors de ses explications au fait qu’il n’y ait pas eu de recrutement afin de colmater la sortie du créateur argentin vers Chelsea. 

Par conséquent, le temps de jeu du minot augmente considérablement, ses entrées sont solides et Roger Schmidt l’aligne d’entrée pour la première fois face à Estoril. Dans un contexte où les benfiquistes sont sur 3 défaites de suite, il s’agit d’un choc très important dans leur antre pour relancer une nouvelle dynamique. João Neves saisit sa chance et démontre qu’il est à sa place : sa capacité de projeter le jeu avec des passes cassant les lignes et sa manière de protéger le ballon excellemment dans le cœur du rectangle vert dictent la rencontre remportée par les locaux (1 – 0). 

Il ne lâchera plus sa place de titulaire et sera primordial pour les derniers rendez-vous importants de la Liga Bwin 2022 / 2023. Face au SC Braga, son harcèlement sur le porteur du ballon a, encore une fois, permis à ses coéquipiers de respirer et de trouver la brèche (1 – 0). Enfin, lors du derby, il met le but de l’égalisation (2 – 2) et fait exulter toute sa rage dans sa célébration. 

Sur le gong, João Neves décide le derby (Crédit Vidéo – VSPORTS)

« João Neves est une grande surprise. Il est tellement confiant, courageux, très bon en phase de pressing et également avec le ballon. Tactiquement, il sait ce qu’il fait. Peu importe l’âge, si les joueurs se sentent prêts, c’est qu’ils sont prêts. »

À la suite du match contre Sporting CP, le coach allemand est émerveillé, tout simplement. L’aventure se termine merveilleusement avec la conquête du titre national. 

Le trophée de la Ligue avec Antonio Silva, ami depuis son arrivée au Seixal : La belle façon de terminer la saison. (Crédit Photo – Twitter SL Benfica)

Dernière bonne nouvelle : sa convocation pour l’Euro Espoirs avec la Seleção U21. Il pourrait avoir un statut important et mener les lusitaniens au Graal. 

Est-ce que João Neves va briller lors de cette compétition ? Pour le savoir, il faudra assister à l’intégralité du tournoi européen qui commence ce soir pour les Portugais qui affrontent la Géorgie à 18H.

Hugo Da Silva

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