Un classique dantesque mais une solidité défensive à (re)trouver
Retour en images sur le premier grand duel de la saison entre Braga et le Sporting pour ouvrir la saison 2022/2023 de Primeira Liga.
« Frénétique », c’est le terme utilisé par le quotidien sportif OJogo pour décrire le premier classique de la saison au Portugal. Un score de 3-3 entre Braga et le Sporting mixant richesse tactique, scénario bien ficelé et le sentiment d’avoir assisté en cette après-midi de mois d’août, à la rencontre d’un championnat d’une autre contrée.
Malgré les deux recrues alignées du côté du Sporting (Trincão et Morita), de radicaux changements dans les dynamiques collectives du 3-4-3 de Ruben Amorim n’étaient pas attendus. Par contre, il s’agissait de la première d’Artur Jorge comme entraineur principal (et non intérimaire comme en 2020) de son Sporting Clube de Braga. Entamant une 9e saison comme entraineur au sein des différents échelons du club. Après avoir donné 16 saisons comme joueur au club rouge et blanc. La curiosité résidait ainsi dans ce 4-4-2 proposé. Et dans les nouvelles dynamiques tactiques bracarenses après deux saisons de Carlos Carvalhal. Alignant d’entrée trois recrues : Sikou Niakaté, Victor Gomez et Simon Banza.
Le pressing des locaux …
Lors de la rencontre opposant Braga au Celta neuf jours plus tôt lors du dernier et unique match de préparation diffusé des guerriers du Minho, intéressant était de constater cette volonté de proactivité défensive via un pressing très haut. Comportement répliqué face au Sporting quelques jours plus tard donc. La pression lors de ces deux matches selon des références individuelles pour tout le monde. Excepté pour deux joueurs : Simon Banza, responsable du contrôle d’Adan et Coates, et le milieu à l’opposé (souvent Al Musrati, le Sporting ayant enclenché quasi toujours côté droit), chargé de couvrir tout ce petit monde et couper les lignes de passe à l’intérieur. Délaissant le milieu sportinguista à l’opposé (généralement Matheus Nunes donc). L’intensité devenant bien plus importante à l’approche du ballon sur la largeur.
Braga a ainsi réussi à récupérer un nombre non négligeable de ballon. Menant presque via ce biais au doublé de Simon Banza qui sera finalement refusé pour hors-jeu (33e). Attestant d’une équipe nordiste désormais toujours aussi entreprenante face au dénommés « grands » de son championnat. Notamment à domicile. Non sans risque cependant.
… et la réponse Matheus Nunes face à une la ligne défensive de Braga (très) exposée.
Car si le pressing avait été aussi aperçu face au Celta, les problèmes au cœur de la ligne défensive étaient eux aussi palpables face au club espagnol. Et revu face au Sporting une semaine plus tard. Au niveau du contrôle de la profondeur comme sur le premier but du Sporting par Pedro Gonçalves (9e). Puis en raison de comportements très portés sur l’individuel. Via des jaillissements souvent à contretemps et qui ont fortement exposé Braga défensivement. A l’image d’un Sequeira ratant son intervention sur Matheus Nunes au moment du deuxième but du Sporting (18e). Ouvrant des espaces béants entre les éléments et surtout entre les centraux et leur latéraux. Ces derniers souvent projetés en même temps.
Et laissant Vitor Tormena et Sikou Niakaté gérer de nombreuses situations d’égalité numérique face aux attaquants du Sporting. Ces derniers sont des défenseurs rapides. Et assumer plus de risque peut se concevoir pour la suite de la saison afin de gérer individuellement certaines situations critiques derrière. Mais pas autant d’espace. Une ligne défensive trop facilement manipulable en conclusion.
Laissant la ligne défensive en totale infériorité numérique face à l’amplitude constante offerte par les pistons du club de Lisbonne. Sans parler du match de Matheus Nunes. L’international portugais auteur du performance XXL en première période. Lorsqu’il peut casser des pressings, trouver des solutions et progresser balle au pied. Via ses chevauchées impressionnantes. Rôle majeur pour sortir de la pression quand un Paulinho dans son rôle, fut transparent dans cet exercice.
Cette largeur maximale et systématique offerte par Porro et Nuno Santos qui fût aussi difficile à contrôler pour les locaux. Via cette ligne de 4 défenseurs qui voyait Iuri Medeiros ou Ricardo Horta tentant d’être vigilants quand le ballon était de leur côté. Mais soumis aux limites de leurs profils qui pouvaient difficilement répondre défensivement à la propension offensive des pistons du Sporting. Nuno Santos ayant fortement profité de la profondeur extérieure sur son côté.
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Face à une telle équipe, capable de circuler et trouver facilement des solutions pour trouver l’espace à l’opposé, cette organisation concoctée par Artur Jorge est-elle ainsi viable pour la suite dans un contexte similaire ?
Toutes ces failles observées qui auraient pu voir le Sporting creuser l’écart en première mi-temps. Inefficace, les visiteurs se sont agenouillés sur le coup de tête de Sikou Niakaté à la fin du premier acte (45e+1).
Les erreurs défensives si inhabituelles des hommes d’Amorim
Cette rencontre face à Braga fut la troisième où Ruben Amorim encaissait au moins trois buts en championnat depuis son arrivée au Sporting. En comparaison avec la saison 2020/2021 du titre, le potentiel qualitatif et quantitatif de l’effectif des lions d’un point de vue offensif a grandi. Contrebalancé peut être par une obsession moindre du travail et de la rigueur d’un point de vue défensif. Une idée qui avait commencé à voir le jour en cours de saison dernière. Mais laissant désormais transparaitre certaines failles impensables il y a encore quelques mois. Mis en exergue sur le premier et troisième but des locaux notamment.
Vitinha et Banza face au contrôle des lions en deuxième mi-temps
La blessure de Victor Gomez force l’entrée de Fabiano juste avant la fin de la première mi-temps. Mais force aussi peut-être l’entrée de Rodrigo Gomes dès le début du second acte. En lieu et place de Iuri Medeiros. Permettant défensivement d’avoir un offensif simplement plus compétent pour former clairement cette ligne de 5 et contrôler bien mieux la largeur. Et offensivement, conserver la menace en profondeur malgré la perte de Victor Gomez. Menace que ne peut apporter Fabiano de manière assez compétente.
Braga s’est ainsi moins exposé via ce nouveau 5-3-2 défensif en deuxième mi-temps. Mais laissant plus le contrôle du ballon au Sporting. Le rapport de force se jouait à un autre niveau sur le terrain mais restait équilibré.
Les lions ont tout d’abord trouvé quelques chemins pour créer le danger en organisation. Travaillant tout d’abord leur côté droit. Qui voyait le retour d’un Nuno Sequeira toujours précis du gauche (passeur sur le but de Niakaté) mais en grande difficulté défensivement. Il n’était ainsi pas rare de voir la permutation Trincão puis Edwards à l’extérieur et Porro se recentrer à l’intérieur. Les espaces étant toujours occupés mais les premiers pouvant provoquer plus frontalement Sequeira. Pendant que le piston espagnol menaçait la profondeur et l’espace entre le central gauche et le latéral gauche bracarense.
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Autre chemin trouvé par le Sporting : le demi-espace à l’opposé. Braga défendant désormais en 5-3-2 avec parfois un Ricardo Horta très bas et quasiment inséré au sein de la ligne défensive. Ouvrant cet espace désormais au milieu et non plus à l’opposé. Zone notamment explorée par Rochinha sur le troisième but des lions (83e).
La réponse de Braga sera plus directe. Utilisant l’impressionnant duo Banza/Vitinha d’un point de vue physique. Le premier pour un point de référence plus haut pour sortir verticalement de la pression sportinguista. Le deuxième par ses courses et sa combativité. Restant une menace jusqu’à la dernière minute pour les défenses adverses. A l’image de son appel sur le face à face manqué devant Adan en fin de match (93e). Respectant aussi le plan autour de Gonçalo Inacio tout au long du match. Gagnant bon nombre de duels et favorisant le gain des seconds ballons afin de faire remonter son équipe. Forçant Amorim à faire entrer St. Just à ce poste en seconde période.
La frénésie de la fin de match permises par les entrants (Rochinha et Edwards pour les visiteurs ; Djalo et Abel Ruiz pour les locaux) et par leur fraicheur (83e et 88e). Afin de profiter plus concrètement des failles défensives de ces deux équipes observées au préalable. Mêlant le stratégique à l’inspiration. Ruben Amorim a certaines bases à revoir. Artur Jorge gagne en crédibilité dans ce premier match face aux siens.